Vendée-St Petersbourg. Pour quelques secondes de trop…
A l’issue d’une bagarre sans relâche, le Multi 50 ACTUAL, coupe la ligne d’arrivée en seconde position, seulement 75 secondes après l’équipage de Franck Yves Escoffier.
75 secondes, c’est environ 400 mètres d’écart, c’est encore moins que le temps d’un virement de bord sur ce type de bateau. Quand on est battu, qu’on finit aussi près du vainqueur, on se dit forcément qu’à un moment de la course, on aurait pu gagner ces quelque quatre cent mètres qui font défaut sur la ligne d’arrivée. Mais quand on a gagné, on sait aussi que cette victoire-là ne tient qu’à un fil…
En ce lundi de Pentecôte, la messe est donc dite. La victoire a choisi son camp et est revenue à l’équipage de Franck-Yves Escoffier. A ses côtés, le navigateur malouin avait emmené deux sacrés gaillards. Loïc tout d’abord, fils de : carrure de rugbyman, dur au mal à force de pratiquer la pêche entre plateau des Minquiers, chenal de la Déroute ou basses du cap Fréhel, Loïc est une sorte de colosse débonnaire, toujours un bon mot à la bouche, le propre à ramener la sérénité nécessaire même dans les heures difficiles. Antoine Koch, quant à lui, tout en discrétion, apporte dans son bagage toute sa science de navigateur, sa formation d’ingénieur et une intelligence tactique rare. Cumulés à l’expérience de Franck-Yves Escoffier, ces deux cursus ont pesé leur poids dans la décision finale en faveur de Crêpes Whaou ! 3.
Jeter ses dernières forces
Derrière, l’équipage d’Actual s’est battu jusqu’au bout pour forcer le destin. Allant même jusqu’à hisser le code zéro (sorte de génois surdimensionné) pour tenter de forcer la décision alors que le vent commandait une certaine prudence. Jusqu’à la ligne d’arrivée, ils ont cru pouvoir combler ce retard minuscule, qui n’obère en rien le classement final de la course, mais pèse lourd psychologiquement. Et pourtant, Yves Le Blévec, lui aussi, avait su s’entourer d’une équipe de haut niveau. Eric Loizeau, tout d’abord, venu pour une pige sur l’aller, qui sut aux débuts de la course au large, mener autour du monde une bande de copains transformés pour l’occasion en rouages d’une machine de guerre à bouffer de l’Anglo-Saxon, à une heure où les courses en équipage étaient l’apanage des sujets d’Albion. Mais aussi Ronan Deshayes, régatier talentueux et préparateur méticuleux qui mit toute sa connaissance du bateau au service de la performance. Après quelques heures passées à quai, il y a fort à parier que cette grosse minute sera versée dans les pertes et profits de la première manche… Les marins ont cette faculté exceptionnelle de savoir oublier les mauvais moments pour ne garder que le nectar de leurs courses.
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