Mise à l'eau du nouveau 60 pieds Imoca PRB
Mission accomplie pour l’équipe PRB qui a mis à l’eau aujourd’hui le premier monocoque IMOCA dernière génération. Malgré le froid piquant, une grosse centaine de spectateurs s’est déplacée pour découvrir les lignes de ce nouveau plan VPLP – Verdier.
La carène, connue depuis Safran et Groupe Bel construits sur le même moule, n’a surpris personne mais le plan de pont orange vif, avec ses lignes acérées et ses angles saillants dégage dès le premier regard une impression de puissance et d’agressivité. Dans les minutes qui ont suivi la mise à l’eau, Vincent Riou s’est calfeutré à l’intérieur afin d’effectuer le test de retournement à 180° requis par la jauge. Pendant quelques instants, le monocoque est resté « bulbe en l’air » dans une position inhabituelle avant de se remettre à l’endroit par la seule action de la quille basculante. Cette manœuvre spectaculaire a été applaudie par le public et c’est un skipper visiblement soulagé qui est alors réapparu dans le cockpit. Pour cette petite demi-heure chargée d’émotion, tout le monde avait fait le déplacement à commencer par Jean-Jacques Laurent. Le PDG de l’entreprise vendéenne ne cachait pas son émotion à la vue de ce PRB 5ème du nom : « C’est toujours émouvant. Ce n’est pas rien ! C’est l’aboutissement d’un an et demi de travail. A la vue des plans, des premières photos et de ce que je vois aujourd’hui, il me plait beaucoup. Il est très épuré ! » Les architectes Vincent Lauriot – Prévost et Guillaume Verdier étaient également sur place pour assister à la naissance de leur petit dernier après neuf mois de chantier, tout rond.
Interview de Vincent Riou.
Que représente la mise à l’eau de ce nouveau PRB ?
« C’est une journée importante, ça fait un moment qu’on attend ça. Ce nouveau bateau, c’est un projet que l’on porte avec toute l’équipe et avec PRB depuis près d’un an. C’est l’aboutissement. Aujourd’hui ça génère du stress car il y a de la manutention, des risques. Mais la semaine prochaine, tout cela va se transformer en plaisir car on va aller tirer les premiers bords. On va terminer l’équipement du bateau demain et ce week end pour une première navigation lundi ou au plus tard mardi. On va commencer par des sorties de trois heures pour valider des choses et faire les premiers tests. Une fois que le bateau sera entièrement validé, on ira vers les Sables d’Olonne. Sportivement, l’objectif 2010, c’est la Route du Rhum, clairement. C’est l’un des plus grands événements en France pour la voile en solitaire, on va faire de notre mieux pour être le plus compétitif possible dans cinq – six mois. On s’est pressé pour faire un bateau mais on s’est donné un petit peu d’air dans la phase de préparation, on a six ou sept mois pour se mettre au point. »
Quelles sont les différences entre ce nouveau PRB et Safran ?
« On va dire que PRB est une évolution de Safran. Safran est un bateau qui a été construit avec beaucoup de moyens que nous n’avions pas forcément pour PRB donc nous avons fait des choix un peu différents. On a fait une quille en acier mécano-soudé assez classique alors que Safran disposait d’une quille en carbone. C’était d’abord un choix économique, on a essayé de cibler les endroits où gagner de la performance avec un coût raisonnable. C’est vrai que la quille n’est pas un grand facteur de gain de performance, en revanche cela coûte très cher. Et puis, une quille en acier mécano-soudé c’est un système qu’on maîtrise bien. Avec PRB, nous en avons fait plusieurs depuis 5 ans, cela nous permettait de ne pas être dans l’inconnu et de jouer la fiabilité. L’autre différence avec Safran, c’est le gréement. On a souhaité faire un mât-aile avec des outriggers comme sur le précédent bateau, pour deux raisons. La première, parce que je pense que c’est plus performant. Et puis, comme pour la quille, nous avons une bonne maîtrise de ce type de gréements. La dernière différence avec Safran, c’est le pont et le plan de pont. Un moule de pont ne coûte pas très cher, on a donc préféré faire un pont neuf qui nous permettait d’inventer l’ergonomie qu’on souhaitait donner à ce bateau et d’autre part, faire un bateau qui avait un look différent de Safran. Nous souhaitions faire notre bateau, pas le même bateau qu’un autre. Les gens vont vite se rendre compte que d’aspect, les deux bateaux ne se ressemblent absolument pas. »
Quelles sont les caractéristiques principales de ce nouveau bateau ?
« C’est le premier 60 pieds IMOCA dessiné avec les nouvelles règles qui concernent notamment une limitation de la hauteur des mâts ainsi qu’une limitation du moment de redressement des bateaux. C’est donc un bateau qui sera, à peu de choses près, au maximum du moment de redressement accepté par la jauge. Nous l’avons aussi voulu le plus léger possible avec le mât qui doit être plus court de 3 ou 4 millimètres par rapport à ce qu’autorise la jauge. On espère donc qu’il sera le bateau le plus rapide de la flotte tant qu’on sera les premiers de la nouvelle génération. Après, on découvrira dans quelques mois comment il va se positionner par rapport aux nouveaux 60’ actuellement en construction et ceux à venir. »
Comment s’est passé le travail avec les architectes ?
« Ce sont deux architectes que je connais depuis longtemps, qui sont différents et somme toute assez complémentaires. Guillaume a une grosse culture des monocoques 60 pieds. Vincent Lauriot-Prévost a une grosse connaissance des bateaux qui vont vite et les 60 pieds monocoques sont des bateaux qui vont de plus en plus vite. Par exemple, VPLP a fait beaucoup de travail sur les appendices alors que Guillaume Verdier a plus travaillé sur les structures. Cela a été assez compliqué car lorsque l’on multiplie les interlocuteurs, on a un projet qui est plus riche mais c’est aussi plus difficile à gérer. La construction de PRB a été assez courte et chacun a du mettre de la bonne volonté pour réussir à s’entendre et faire de son mieux dans le temps imparti. Aujourd’hui, je dois avouer que je suis très content du résultat concret et les architectes ont fait du bon boulot. Ils ont dessiné beaucoup d’éléments du bateau liés directement à la performance, c’est-à-dire la forme de la coque, les appendices, leur positionnement ou encore le plan de voilure. En revanche, quand on est rentré dans le détail, que ce soit sur le plan de pont ou les implantations des pièces sur le bateau, c’est un travail qui a été réalisé par l’équipe PRB. On a fait une partie du boulot et on l’a faite en collaboration avec eux car dès que l’on touche à une pièce du bateau, cela a des incidences ailleurs. Il faut donc réussir à travailler en équipe et bien faire circuler l’information afin d’avoir le truc le plus cohérent possible à la fin. »
Le programme ?
« La première navigation est prévue la semaine prochaine, je ne sais pas encore quand précisément. Après, la saison va débuter avec des opérations de relations publiques avec PRB au mois d’avril et la saison de course commencera le 1er mai avec le Grand Prix Petit Navire à Douarnenez. Ensuite, nous participerons au Tour de l’Espagne début juin, et de la Route du Rhum le 31 octobre. Cette année, je vais essayer de beaucoup naviguer en solitaire afin d’être le plus prêt possible pour la Route du Rhum. Par ailleurs, la saison sera beaucoup axée sur des opérations de relations publiques avec toute l’équipe commerciale de PRB. On a fait le choix cette année avec PRB de passer plus de temps à exploiter le bateau pour des opérations avec l’entreprise. J’ai hâte de retrouver la mer la semaine prochaine et je vais profiter de la fin du mois pour prendre quelques vacances. Ça va faire un an que je n’en ai pas pris pour construire ce bateau justement et il est temps de faire un petit break pour se ressourcer et repartir sur l’eau du bon pied dès début avril. »
Interview de Jean-Jacques Laurent, PDG de PRB
« C’est toujours émouvant la mise à l’eau d’un bateau. Ce n’est pas rien ! C’est l’aboutissement d’un an et demi de travail. Toute l’équipe va pouvoir prendre quelques jours de repos car depuis six mois, ils n’ont pas arrêté. L’important aujourd’hui, c’est que le bateau soit beau, bien fini et qu’il se mette à naviguer le plus vite possible pour que Vincent prenne son pied dessus. A la vue des plans, des premières photos et de ce que je vois aujourd’hui, ce PRB 5ème du nom me plait beaucoup. Il est très épuré ! »
Interview de Vincent Lauriot Prévost et Guillaume Verdier, architectes
VLP : « C’est une bonne habitude la mise à l’eau d’un bateau. Mais il y a toujours un petit pincement. On change de phase. On sort du chantier, il va dans l’eau puis on va passer en phase d’essai et de validation. C’est une belle étape. PRB et Safran ? Ce ne sont jamais les mêmes bateaux. Il a peut être la même carène que Safran mais il n’a pas les mêmes appendices, pas le même gréement. Tout est à découvrir. »
GV : « Notre travail n’est pas terminé aujourd’hui. On a fait le bateau maintenant, ça va être l’optimisation. Il faut prendre ce qui marche, là où on peut l’améliorer. C’est la délivrance de la partie liasse de plans. Et là, c’est la partie performance qui commence, c’est la plus intéressante. Dans sa structure, PRB est assez similaire de Safran mais dans son équilibre voilure / appendice, il est assez différent. On a repris complètement l’architecture du bateau. »
Source d’information : www.prb.fr/
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