La Transat Jacques Vabre en ligne de mire pour Le Cléac’h et Tabarly

Arrivés en milieu de nuit au Havre, au terme d’une trentaine d’heures d’un convoyage appliqué et sans histoire, Armel Le Cléac’h et son binôme Erwan Tabarly entrent en douceur dans la frénésie qui précède les grands départs de course au large. Accompagné de membres de son équipe technique, Armel a procédé entre Lorient et la baie de Seine à une dernière revue de détails, et c’est l’esprit serein, confiant en la qualité du travail effectué depuis la mise à l’eau du voilier en juin dernier, qu’il va progressivement rentrer dans sa course, ménageant les indispensables phases de relaxation en famille, les obligations publiques et médiatiques, et l’immersion progressive dans la réalité météorologique du départ dimanche 25 octobre. « Le véritable compte à rebours débutera pour Erwan et moi mercredi prochain, après notre sas de décompression en famille », précise Armel, à l’orée de sa troisième participation à la grande classique havraise.

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Une Transat en forme de validation

« Arriver dans ce véritable stade nautique que constitue le bassin Paul Vatine est un vrai plaisir! » Armel Le Cléac’h, bien loin de tout stress d’avant départ ne boude pas son bonheur de retrouver, de humer, de s’imprégner de l’ambiance d’avant course propre aux grands événements océaniques. « Le plateau, particulièrement en classe Imoca, est fabuleux, et nous prenons pleinement la mesure du challenge qui s’offre à nous. » Armel et Erwan identifient en effet pas moins de cinq ou six vainqueurs potentiels, amarrés tout près de leur Banque Populaire VIII. « A l’évidence, un certain nombre de certitudes vont émerger de cette Transat Jacques Vabre, qui est plus à nos yeux qu’un simple galop d’essai d’avant Vendée Globe. Grandes sont les attentes autour des voiliers de la dernière génération. Nous avons beaucoup travaillé et beaucoup progressé. Nous partons confiants. » Armel, Erwan et toute l’équipe technique du Team Banque Populaire ont en effet besogné d’arrache pieds tout l’été pour fiabiliser et prendre en main le prototype signé Verdier VPLP. « On a trouvé un grand nombre de clés », affirme le skipper. « Cette Transat Jacques Vabre arrive à point nommé, avec ses phases météorologiques diverses, sa longueur, son rythme, pour confirmer nos choix. »

Sans temps mort

Mais, à un peu plus d’une semaine du départ, et avec cette entrée nocturne dans le bassin des concurrents, c’est bien la dimension sportive qui envahit totalement le duo Le Cléac’h – Tabarly. « Il y a une course majeure à disputer… et à gagner », affirme Armel. La qualité du plateau, la dureté d’une première phase du parcours, sortie de Manche, traversée du golfe de Gascogne, cap Finistère…. ne tolère aucun atermoiement. Pour sa troisième participation depuis 2007 à cette Route vers les pays producteurs de café, Armel entend entrer sans transition dans le vif d’un rythme de vie et de course entièrement dédié à la vitesse et à la performance. « Le parcours, une fois dans les alizés portugais, n’offre que très peu de possibilité de refaire un retard concédé dès le départ » souligne t’il. « Ce sera un sprint de bout en bout. Il faudra partir à fond, et tenir le rythme sur la distance. » Le skipper patenté de La Banque de la Voile sait qu’il tient en Erwan Tabarly un alter ego, un jumeau dans la capacité à tenir l’effort, et à détester contempler trop longtemps le tableau arrière d’un adversaire. « Erwan est très excité à l’idée de disputer sa première Transat Jacques Vabre. Il connait le parcours, mais pas en double ni en 60 pieds. C’est un compétiteur né. Il ne pense qu’à la performance! »

Armel le Cléac’h et Erwan Tabarly vont ainsi rejoindre leurs familles respectives à la fin du week-end pour deux jours de repos et de relaxation. Leur spécialiste météo attitré, le Néerlandais Marcel van Triest est déjà en veille permanente sur l’évolution des systèmes météo. Une fois de retour au Havre à compter de mercredi prochain, les échanges entre l’équipage et Marcel seront quotidiens. « Notre classe interdit le routage, et Marcel va nous aider à entrer de plain-pied dans la course avec en tête une vision claire des systèmes météo à négocier », explique Armel. L’heure est donc à la réflexion apaisée sur le travail effectué en équipe durant les longs mois d’été. Rien n’a été laissé au hasard, et le duo Le Cléac’h – Tabarly peut sereinement apprécier les instants magiques qui précèdent la libération des énergies avec le coup de canon du départ. La tension viendra plus tard…