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Du jamais-vu technologique : le nouveau AC75 pour la prochaine America’s Cup

AC75

On s’attendait à quelque chose de grand, de fort, mais là, les kiwis nous ont bluffés ! Ils viennent de dévoiler leur monocoque AC75 qui sera utilisé pour la 36e Coupe de l’America, en 2021 et c’est une véritable révolution, du jamais-vu ! Un monocoque de 23 m de long, sans quille, mais avec deux foils inclinés et ballastés et un safran en T… Un bateau capable de voler par tout temps ! Vous en pensez quoi ? ©bateaux.com

Emirates Team Nouvelle Zealand vient de dévoiler le futur bateau de la 36e Coupe de l’America. Un monocoque « illustrant une vision audacieuse et moderne pour les voiliers de course monocoques de haute performance » revendique les Kiwis.

Une prouesse technologique

L’AC75 est une vraie révolution ! Même si on savait que les Kiwis planchaient sur un monocoque en s’appuyant sur le savoir-faire de Guillaume Verdier, le résultat est plutôt impressionnant ! Et ce qui interpelle d’abord, c’est l’absence de quille !

En résulte une coque de dériveur (de 23 m de long tout de même !) qui devra donc être ultra légère pour voler à toutes les allures. Une prouesse technologique rendus possibles grâces aux deux foils en T inclinés, ballastés pour obtenir un moment de redressement en navigation et offrant une stabilité antiroulis en navigation, à basse vitesse.  Pas de monotype sur la coque, qui sera laissé libre au niveau du design. Les foils cependant seront sans doute monotypés. Il est d’ailleurs très probable que certaines pièces « indispensables » soient monotypes et que la manière de les actionner soit laissée à l’appréciation de chaque équipe.

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Au niveau de la coque, même si le design est open, les voiliers devraient être larges pour offrir une de stabilité de forme (jusqu’à 15/20° de gite).

En mode de navigation « normal », le foil sous le vent permet de sustenter le bateau et de foiler, quand le foil au vent est relevé hors de l’eau pour maximiser le bras de levier du ballast et réduire la traînée.

Lors des pré-départs et pendant les manœuvres, les deux foils peuvent être abaissés pour fournir un contrôle supplémentaire de la portance et du roulis. Une configuration qui peut également être utile dans des conditions de mer plus agitée et offrant une fenêtre plus large en course.

Bien que l’aspect performance ait été la pierre angulaire du développement de l’AC75, les équipes de conception se sont aussi penchées sur les aspects pratiques de stockage en hangar et au port. Ainsi, les deux foils s’inclinent sous la coque, garantissant stabilité et réduisant l’envergure du bateau.

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« L’idée, en développant cet AC75, est de fournir une technologie abordable et durable, capable d’être adaptée sur d’autres bateaux et dans d’autres classes » indique l’équipe néozélandaise dans son communiqué.

L’AC75 sera muni d’une grande voile aile, d’un solent et d’un code zéro. Des études sur le gréement sont d’ailleurs en cours, pour éviter que le système doive être installé et désinstallé chaque jour.

« Notre analyse de la performance des monocoques à foils nous indique qu’une fois que le bateau est en l’air et foile, il a le potentiel d’être plus rapide qu’un AC50 au près et au portant », indique Grant Dalton, PDG d’Emirates Team New Zealand.

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4 ans pour concevoir un bateau spectaculaire

Pour concevoir cet AC75 à foils et sans quille, les équipes les équipes architectes et d’ingenieurs – dont le français Guillaume Verdier – ont passé en revue pendant 4 mois un large éventail de concepts de monocoques. « Nos objectifs étaient de concevoir une classe stimulante et exigeante au niveau de la navigation, obligeant les équipages à un haut niveau de compétence. Ce concept pourrait devenir le futur des monocoques de course et même de croisière, au-delà de servir de support dans l’America’s Cup » explique le team néozélandais dans le communiqué.

Même si architecturalement parlant l’AC75 est réalisable, il ne sera pas trop de quatre ans pour aboutir sur un bateau fin prêt. Les équipes vont devoir notamment beaucoup travailler sur l’objectif de poids qui devra être très léger pour que le monocoque puisse décoller par tout temps.

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C’est un immense défi technologique et humain qui demande autant de prouesses technologiques dans l’architecture que dans la construction, mais aussi dans les manœuvres et la formation des équipages.

La compétence des équipages sera un point crucial, car il faudra manœuvrer ces bateaux sans quille avec, pour seule stabilité de poids à faible vitesse, les foils ballastés.

On parie que les manœuvres à vitesses réduites seront scabreuses, tandis que les hautes vitesses (environ 30 nœuds) donneront lieu à d’incroyables figures de style !

©bateaux.com