Des nouveaux foils pour Samantha Davies sur Initiatives-Coeur
Les foils installés sur le bateau Initiatives-Cœur ont surpris les observateurs en raison de leur grande longueur et de leur forme très effilée. Samantha Davies a bien voulu nous parler de leur conception et de ses premières navigations avec ces drôles de moustaches. Passionnant et instructif.
Voiles et Voiliers : Parle-nous de tes incroyables foils, qui en a eu l’idée ?
Samantha Davies : Pour commencer j’ai eu la chance d’avoir assez de budget, grâce à mes partenaires, pour pouvoir changer les foils. Ce n’est pas rien de mettre des foils, il faut changer une grande partie du bateau autour du puits de foil un travail avec les partenaires et l’équipe d’Initiatives-Cœur. J’ai fait le choix de travailler avec Guillaume Verdier qui est le co-designer de ce bateau. Je connais bien Guillaume j’avais un peu collaboré avec lui sur le futur monotype Volvo qui n’a finalement jamais vu le jour. Puisque j’avais un peu bossé avec lui sur un sujet similaire, il était un peu naturel pour moi de continuer avec lui. Je sais qu’il est très passionné et avec Team New Zealand il a enregistré de beaux succès et il dispose d’outils très pointus. J’étais en contact avec lui et aussi avec Nick Holroyd qui avait fait les foils de Jérémy (sur ce même bateau qui s’appelait Maître Coq pour le Vendée 2016, NDLR) et qui est aussi un très bon copain. Que Nick bosse avec Guillaume, pour moi c’était parfait.
Sur le design en lui-même je n’ai pas trop imposé les choses, je voulais ce que Guillaume pense être le meilleur pour mon bateau. Par rapport à l’appréhension de la vitesse, au fait d’avoir peur si le bateau va trop vite, je suis très claire : je veux un truc puissant et si nécessaire je réduis la surface de voile. Je ne veux pas regretter d’avoir été trop prudente, une fois que l’on sera habitué à l’utiliser, je ne veux pas être en retard sur les autres. C’était un peu une feuille blanche pour Guillaume, je l’ai écouté avec mon équipe technique, avec Anne Claire Le Berre qui est chef du bureau d’études chez Initiatives-Cœur, et on a beaucoup travaillé ensemble avec Guillaume et son équipe et maintenant on est sur les systèmes qui maintiennent les foils, on est dans la découverte et la recherche de fiabilité de tous ces systèmes. Avec Charal, nous sommes les premiers bateaux à avoir des foils qui poussent autant. On est à la pointe de l’innovation, on est en train de découvrir ce qui marche mais aussi là où ça bug. Je peux faire cela car j’ai la plus grande confiance dans mon équipe technique : cela ne se fait pas dans un coin avec une ou deux personnes, il faut être nombreux pour pouvoir développer tout cela, pour que ce soit fiable avant la fin de l’année.
Voiles et Voiliers : On s’interroge sur la forme très pointue de ces foils, quel en est l’avantage ?
Samantha Davies : On voulait quelque chose qui soit performant au portant, le Vendée globe se court au portant, nous sommes plus près du concept d’Hugo Boss si on regarde la génération précédente d’Imoca, et l’idée de nos fois c’est qu’ils ne soient pas tout à fait rigides, ça bouge un peu comme les ailes d’un avion et cela doit s’autoréguler un petit peu. Il y a la volonté de réduire au maximum la traînée, parce qu’on veut que cela marche très tôt, à basse vitesse. Et vu l’endroit où cela sort du bateau on sait que l’on ne peut plus les relever, il y a toujours forcement une partie du foil qui est immergée donc il faut que sa traînée soit minimum, et que ça s’autorégule puisque l’on n’a pas de plan porteur qui font office de stabilisateur sur les safrans. Du coup on ne veut pas que le bateau fasse des bons de kangourou comme ça (elle mime les bonds avec sa main), il faut qu’il décharge avant que l’on sorte de l’eau.
Source interview: Voiles et Voiliers