Le dernier des Imoca sur la route du Rhum 2014
Ce matin, François Gabart va prendre le départ de son premier et dernier Rhum en Imoca. L’Imoca est une grosse bête de 60 pieds (18,28 m), pesant 7 tonnes, conçue en carbone par l’architecte Guillaume Verdier et jetée, à l’eau en 2011.
Sur ce monocoque siglé MACIF, le jeune Charentais termine avec la société d’assurance niortaise un cycle de quatre ans durant lequel il a notamment décroché un titre de champion du monde Imoca et un succès au Vendée Globe en explosant de six jours le record de Desjoyaux.
Identifié comme un phénomène, Gabart, aujourd’hui âgé de 31 ans, semble pourtant positionné au tout départ d’une carrière que l’on pressent fulgurante. Féru d’architecture navale, le skipper de la MACIF est avant tout un scientifique de formation doublé d’un aventurier par passion qui va tenter, à l’occasion de cette dixième Route du Rhum-destination Guadeloupe, d’accrocher un doublé: Vendée Globe-Route du Rhum. S’il n’en fait pas une affaire personnelle, François Gabart avoue néanmoins que dans le projet global de son partenariat avec la MACIF, une nouvelle ligne inscrite à son palmarès marquerait le terme d’une belle aventure et lancerait un nouvel engagement avec ce que tout le monde attend, son maxi-trimaran 100 pieds dont l’arrivée est prévue au printemps 2015.
On vous imagine extrêmement stressé avant ce départ. Le poids des responsabilités se fait-il ressentir?
« Franchement non. Je dirais même que je suis serein et que j’ai hâte de partir. Le gros du boulot est fait depuis maintenant un mois et nous avons procédé aux derniers réglages à Saint-Malo durant les dix derniers jours. Nous étions dans le secondaire, mais c’était extrêmement important de prendre ce temps nécessaire aux petites choses. Parfois, ce sont ces accessoires qui peuvent faire basculer la victoire d’un côté comme de l’autre. Il faut toujours retenir que c’est dans le détail que l’on arrive à la performance. »
Un podium, voire la victoire, c’est votre objectif ?
« Oui. Très clairement j’envisage de faire un podium avec, bien évidemment, la première place en toile de fond. J’y pense beaucoup même si je sais que ce sera compliqué. J’ai des adversaires qui sont taillés sur mesure pour l’emporter, aussi bien que moi. C’est donc très ambitieux, car le plateau est relevé, mais c’est jouable et moi, j’y crois. Ce serait dommage de ne pas y penser après tout ce que nous avons consacré à ce projet. »
Ce fameux doublé Vendée Globe – Route du Rhum, ça vous obsède?
« On me parle de cela depuis quelque temps et je ne sais pas pourquoi mais ça ne me touche pas vraiment. En fait, je n’y avais pas pensé jusqu’à présent si ce n’est lorsque je visualise le projet MACIF dans sa globalité, c’est-à-dire sur quatre ans. C’est quelque chose qui s’est forcément bien passé. Que ce soit au niveau de la communication, à l’échelon sportif avec la victoire au Vendée ou avec le public qui a fortement réagi à mon succès. Alors, oui, le doublé serait intéressant pour tout cela et je dirais que nous avons envie de l’emmener encore plus loin. Si nous pouvons terminer sur une belle note, ce serait chouette. »
C’est un peu curieux, car vous parlez déjà de la prochaine Route du Rhum?
« J’ai la chance de savoir que je ferai la Route du rhum de 2018 alors je l’évoque, mais j’ai d’abord celle-ci à me préoccuper, avec des objectifs à atteindre. La prochaine fois, ce sera à bord d’un multicoque et non pas d’un mono comme aujourd’hui. Nous avons lancé avec la MACIF la construction d’un « multi » d’une trentaine de mètres avec l’ambition de refaire un tour du monde en solitaire à « fond la caisse » et d’être présent au départ de la prochaine Route du Rhum dans quatre ans. C’est donc rassurant et très agréable. Je sais que cette Route du Rhum 2014 va être belle grâce aux Imoca, ma catégorie de course, mais aussi grâce à ces trimarans qui vont très vite et je sais que dans quatre ans ce sera à mon tour de naviguer sur ce type de bateau. »
Quels sont vos principaux concurrents sur cette Route du Rhum?
« Je pense à Vincent Riou sur PRB, Jérémie Beyou sur Maître Coq, Marc Guillemot sur Safran, je n’en cite que trois, puisque vous me le demandez et je prends des risques, mais il y a quatre autres concurrents qui peuvent créer la surprise. Ce n’est surtout pas à exclure même si, sur le papier, tant par leur expérience que leurs résultats ou leurs bateaux, ils semblent moins positionnés. Mais vous savez, j’ai souvent fait partie des outsiders ces dernières années et ça ne s’est finalement pas trop mal passé pour moi. Alors, relativisons les pronostics, je sais plus que jamais que lorsque l’on ne figure pas parmi les favoris, on est animé de sentiments qui vous transcendent. »
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !