Coupe de l’America: Peter Burling, un Kiwi à sang froid
Un rien timide au génie XXL: Peter Burling est le héros de tout un pays, la Nouvelle-Zélande, à qui il a offert la prestigieuse Coupe de l’America à la barre de Team New Zealand, porté par une assurance à toutes épreuves et un calme bluffant.
A 26 ans, Burling est entré dans la légende, celle du plus vieux trophée sportif du monde, qui date de 1851 et qu’il a remporté lundi aux Bermudes en déjouant les plans du defender américain Oracle.
« C’est un incroyable talent. Quand on parle de Burling, il ne s’agit pas de savoir s’il sera un jour le numéro un mondial de la voile, mais quand », avait dit il y a dix jours le grand ordonnateur de la 35e Coupe de l’America pour Oracle, le Néo-zélandais Russell Coutts, cinq fois vainqueur de l’épreuve.
Burling, c’est un physique impressionnant, un vrai profil de rugbyman. Mais lui a choisi la voile dans ce pays où rugby et voile sont les piliers sportifs de la nation.
Le petit gars de Tauranga (île du nord) n’a pas d’abord navigué par passion mais pour faire comme son grand frère. Et puis, il a commencé à se piquer au jeu avec les compétitions. A 11 ans, il accrochait ses premières victoires.
« Il a toujours essayé de faire comme son frère, et c’était comme ça pour tout, a raconté son père Richard Burling au magazine Boating. Enfant, il était déjà calme, à la limite de la timidité. Il a toujours adoré tous les sports. Il est gentil, très loyal. Et Pete est quelqu’un qui n’abandonnera jamais ».
Il a 15 ans quand il devient le plus jeune champion du monde (catégorie 420) avec son partenaire Carl Evans.
‘Futé’
Devenu senior, il a été sacré cinq fois champion du monde. Lors des JO-2012 de Londres, il décroche l’argent olympique. Quatre ans plus tard, à Rio, c’est l’or qu’il met autour de son cou, aux côtés de Blair Tuke, présent avec lui sur Emirates Team New Zealand.
Un an avant le sacre olympique, Burling est choisi par le défi néo-zélandais pour succéder à l’éminent Dean Barker à la tête du bateau de la 35e Coupe de l’America.
Avec un défi relevé: celui de ramener la Coupe en Nouvelle-Zélande, après 1995 et 2000, et effacer le traumatisme de 2013 lorsque les Kiwis ont laissé échapper la victoire après avoir mené 8 à 1.
Pas de quoi mettre la pression sur Burling, imperturbable et humble. Le Kiwi est de la trempe de ces champions d’exception qui savent parfaitement qu’ils excellent dans ce qu’ils font.
Fin tacticien, il touche à tout et ne se contente pas de barrer le bateau.
« Il est très impliqué, il a une très bonne vision architecturale, il percute vraiment. Plus que ça, il nous aide », souligne à l’AFP Guillaume Verdier l’un des architectes navals du bateau kiwi de la 35e Coupe. « Il est futé, il est même plus que futé ».
Burling est en école d’ingénieur à l’université d’Auckland, tout comme l’a été, avant lui, un certain Russell Coutts, la référence ultime de l’épreuve mythique.
Avant les JO-2016, il avait détaillé ses objectifs, trois événements à gagner pour réaliser un « rêve absolu ».
« Gagner à Rio et, dans la foulée, essayer de ramener la Coupe de l’America en Nouvelle-Zélande ».
Mission accomplie. Que lui reste-t-il à accomplir ?
« Après ça, j’aimerais bien faire la Volvo Ocean Race (course autour du monde avec escales en équipage qui dure huit mois). J’aime vraiment beaucoup la course au large ».