Charlie Dalin, skipper de l’IMOCA MACIF Santé Prévoyance, remporte la 10e édition du Vendée Globe et le record de vitesse autour du monde !
À bord de son bateau signé de l’équipe de Guillaume Verdier, le skipper normand a franchi la ligne d’arrivée aux premières lueurs du jour à 8h24 ce mardi 14 janvier 2025 au large des Sables d’Olonne bouclant ainsi son tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance en 64 jours 19 heures 22 minutes et 49 secondes. C’est une victoire historique pour Charlie qui, par la même occasion, s’empare du record de vitesse autour du globe avec neuf jours d’avance sur le temps de référence établit par Armel Le Cléac’h en 2016.
L’IMOCA MACIF Santé Prévoyance a mené la course sur la majeure partie du l’épreuve jusqu’au sprint final qui le hisse sur la première marche du podium. Une victoire historique, inspirante et amplement méritée pour ce marin qui a fait preuve d’une régularité exemplaire au cours des dix dernières années et notamment sur ses deux derniers IMOCA dessinés par l’Architecte Guillaume Verdier et l’ensemble de son équipe. Sur cette 10e édition du Vendée Globe, MACIF Santé Prévoyance est d’ailleurs le seul IMOCA de nouvelle génération signé par par ces derniers.
Le fruit d’un travail collaboratif
« Un tel projet doit d’abord satisfaire son marin ! Charlie Dalin a fait des études d’architecture navale et a participé à chacune des décisions autour de la conception de son nouvel IMOCA, ce langage commun a permis beaucoup de fluidité dans les échanges, nous avons pu avancer vite », explique Guillaume Verdier.
« Nous avons travaillé main dans la main avec le bureau d’études Mer Concept et notamment avec Guillaume Combescure, Directeur technique et Jean Luc Nelias Team Manager. Chez nous, c’est Erwan Tymen, accompagné par Herve Penfornis et Romaric Neyhousser qui a piloté le projet d’une main de maitre permettant cette collaboration unique !Loic Goepfert ,Véronique Soulé, Romain Garo et Jeremy Palmer ont également apporté une large contribution dans la conception des appendices et l’analyse des performances ».
Philosophie générale
« Il y a eu une évolution importante autour de la conception de ce bateau, explique l’architecte, nous avons, en plus des procédures habituelles de conception, réalisé un bassin de carène numérique dans les vagues. Le bateau dans l’ensemble s’est voulu – tout comme l’était APIVIA – homogène en performance dans toutes les allures et tous les états de mer. Plus facile à mener, plus confortable aussi. La zone de vie a reculé, là où le ressentit du tangage se fait moindre.
Nous avons souhaité faire un bateau qui souffre moins dans la longue houle du Sud. Un bateau qui s’autogère mieux sur son foil, avec des changements d’attitude et d’assiette moins prononcés. C’est important car vivre à bord de ces bateaux est très inconfortable. « Il y a toujours une différence entre la théorie et la pratique, entre ce que l’on imagine comme comportement du bateau et la réalité. Mais de génération en génération, on trouve toujours une façon d’améliorer les bateaux. L’objectif était d’avoir un bateau polyvalent, capable de bien fonctionner à toutes les allures. La force d’Apivia résidait dans sa capacité à s’autoréguler une fois qu’il est bien réglé. Il ne perdait pas trop de vitesse si les conditions de vent évoluent. Un bateau qui vit bien sa vie dans les molles comme dans les risées. On a voulu garder cela sur Macif, en lui donnant d’autres points forts ».
Dessin de carène
Cela s’est traduit par une carène dans laquelle le volume a été déplacé vers l’avant et rendu plus étroite à l’arrière. « Cela a permis de rajouter de la puissance longitudinale pour qu’elle plante moins et qu’elle soit plus puissante quand elle reprend contact avec l’eau. On a rajouté des francs-bords plus conséquents par rapport à Apivia, poussés également par des règles de jauge modifiées dans ce sens. Cela permet de naviguer dans une mer plus formée et de limiter les entrées d’eau sur le pont. On a introduit du tulipage (forme « tulipe » en section) dans la coque. L’Imoca 11th Hour -Vainqueur de la dernière OCEAN RACE, et dorénavant « Groupe Dubreuil » de Sébastien Simon a été le premier à le faire. Cela permet d’avoir une carène qui répond un peu mieux quand elle reprend contact avec l’eau, et d’évacuer l’eau sur les côtés. On a aussi rajouté une virure, comme une marche à mi-hauteur en avant sur la coque, qui limite le spray. La somme de ces détails améliore la vie à bord, et donc forcément la capacite du marin à exploiter mieux son navire, et le record des 24h sur le Vendée Globe conforte la pertinence de ces choix ».
Le cockpit et la zone de vie
C’est là que résident les changements majeurs par rapport à Apivia. Toute l’ergonomie a en effet été revue. « Ce choix de cockpit et de zone de vie située à l’arrière est surtout le travail réalisé en interne par Charlie et les membres de son bureau d’étude. C’est très original et une excellente idée à plusieurs égards : le skipper est isolé du bruit, le bateau est plus stable à l’arrière et cette zone est située juste à côté du cockpit où il manœuvre. La philosophie générale de Charlie était de créer une zone plus confortable et plus sécure. Il a compris que cela permet d’être plus performant et amène en efficacité. » décrit l’équipe de conception.
Foils
S’il y a beaucoup de disparités entre les carènes des nouveaux bateaux, les foils en revanche, ont tous convergé vers la même famille de foils, dits “Verdier” : un shaft incurvé vers le bas, avec le centre du rayon qui est vers le bas intérieur après le coude et un tip plus ou moins redressé. Quand on rentre ou qu’on sort le foil, on change l’inclinaison du tip. C’est une forme de foil que tout le monde a, mais avec des profils différents. » a confié le skipper juste avant le départ de la course.
Structure
« On oublie souvent de mentionner le travail titanesque des ingénieurs en calculs de structures pour assurer le maximum de fiabilité et de performance. Nous avions l’habitude de faire l’intégralité des calculs et plans de construction en interne, nous collaborons désormais et depuis 2019 avec le Cabinet « Pure design and Engineering » basé à Auckland et plus particulièrement avec John Little, Martin Bivoit & Minkyo Seo sur ce projet, mais aussi avec James Hamilton (Matrix – Nouvelle Zélande) pour les doubles ou triples checks » explique le design team.
Analyses de données
« Au-delà des calculs scientifiques, nous recensons toutes les expériences de navigation depuis des années. Nous les comparons à l’ensemble des données embarquées qui nous sont transmises par les équipes. À ce titre nous avons acquis une expérience inestimable lors de la précédente OCEAN RACE (bateau 11th Hour skippé par Charlie Enright). Les bateaux sont extrêmement sollicités, il nous est donc nécessaire de recenser chaque ‘acrobatie’ pour en tirer de précieux enseignements pour les bateaux de futures générations. Nous anticipons aussi les modes de dégradation du bateau, leur permettant une certaine résilience tout en augmentant la sécurité du marin ».
Notre équipe de design a peu changé (elle s’est étoffée), mais nous sommes tous extrêmement fiers de ce groupement de collaborateurs qui nous caractérise ! s’enthousiasme Guillaume Verdier.
25 ans d’expérience sur le Vendée Globe pour Guillaume Verdier et son équipe
Une équipe d’experts bien représentée puisqu‘elle a remporté les 4 dernières éditions avec les succès de Francois Gabart, Armel Le Cléac’h, Yannick Bestaven et aujourd’hui Charlie Dalin.
Des concepts innovants
- Des carènes planantes à bouchains (Safran 1de Marc Guillemot)
- Des gréements très reculés (Safran 1)
- Le Tilt de quille (permettant de faire des bateaux très polyvalents, planants sur leurs quilles)
- Des avants très pleins permettant de réduire l’asymétrie des formes à la gite (Virbac-Paprec)
- Les premiers Foils en Course au large (Safran 2 et Banque Populaire)
*Les collaborateurs du Cabinet d’Architecture navale de Guillaume Verdier qui ont tous contribué à la conception de l’IMOCA MACIF Santé Prévoyance : Romaric Neyhousser, Loic Goepfert, Véronique Soulé, Romain Garo, Hervé Penforis, Jeremy Palmer, Erwan Tymen, Véronique Rolland, Alexis Muratet, Benjamin Muyl Design, Pure Design and Engineering en New Zealand, Matrix Engineering (NZ).
Passages extraits d’une interview de Charlie Dalin pour le Magazine Course au Large