The Ocean Race: à Cape Town, le podium Imoca signé par le Cabinet Guillaume Verdier
Après 18 jours de mer et des derniers milles haletants vers Cape Town, Kevin Escoffier et le Team Holcim-PRB remportent la victoire ; la deuxième consécutive, après celle signée sur la première étape (Alicante-Cap-Vert).
Fait remarquable, Paul Meilhat et son équipe sur Biotherm franchissent la ligne d’arrivée seulement 16 minutes plus tard, devancant alors Charlie Enright et son équipe sur 11th Hour Racing Team de neuf minutes.
Une nouvelle fois, nous nous demandons tous comment il est possible d’être si proches – avec des deltas d’arrivée qui n’auraient rien à envier à une course d’une journée autour de trois bouées – après plus de 5 000 milles depuis le Cap-Vert, via le Pot au Noir, les alizés du sud-est, puis un long détour dans l’océan Austral autour de l’anticyclone de Sainte-Hélène.
Holcim-PRB compte maintenant 10 points, 11th Hour Racing Team est en deuxième position avec sept points, suivi de Biotherm avec six points. La course est désormais bien engagée vers l’immense défi de la troisième étape qui comptera double.
Même si Team Malizia et Guyot environnement-Team Europe se sont sentis malmenés sur cette fin d’étape particulièrement délicate, les deux ayant mené la flotte, ils ne sont en aucun cas hors course. Team Malizia, en particulier, pourrait être une réelle menace dans le Grand Sud.
Au départ d’Alicante, les discussions allaient bon train sur l’identité du vainqueur de cette édition. 11th Hour Racing Team était considéré par beaucoup comme le grand favori, en raison de son approche dévouée à cet événement, mais Kevin Escoffier et Paul Meilhat, considérés par de nombreux observateurs comme d’ardus rivaux, démontrent aujourd’hui qu’il faut compter avec eux.
Chez Biotherm, deuxième, le sentiment d’accomplissement est palpable. L’équipage navigue sur le bateau le plus jeune de la flotte. Sur la première étape, ils ont dû se contenter de la quatrième place à Mindelo, alors, le fait d’arriver deuxièmes cette fois-ci est une grande source de confiance.
Damien Seguin est tout sourire. « Super heureux », résume-t-il lorsqu’on lui demande comment il se sent à l’arrivée au ponton. « C’est toujours agréable de terminer des étapes et, en plus, avec un beau podium, une belle deuxième place. Nous avons montré que nous savons utiliser le bateau et que nous devons être pris au sérieux pour les prochaines étapes. En plus, nous avons eu un super accueil à l’arrivée, c’est génial ».
Damien décrit un long voyage – trois jours de plus que prévu – qui a mis à l’épreuve l’endurance de tous les marins. « Nous avons fait un grand tour de piste », lance-t-il. « Nous avons lutté dans le Pot au Noir, puis nous avons contourné l’anticyclone de Sainte-Hélène pour finalement terminer le plus au sud possible de l’étape, c’est-à-dire à 47° Sud, à la limite de la zone des glaces. Nous avons eu toutes les températures et nous avons vécu toutes les émotions ».
Il évoque aussi les dernières 24 heures très tendues, qui se sont terminées avec l’équipage de Biotherm qui a dépassé Mãlama, en vue de la ligne d’arrivée. « Nous sommes revenus dans le match grâce à la météo », déclare-t-il. « Nous savions que le vent allait rentrer de face et cela nous a réussi. Nous avons fait une superbe soirée hier et nous avons pu passer devant. Ensuite, la fin de parcours a été pire que ce que nous pensions : c’était interminable. On se demandait quel jour on allait arriver, quel mois même parfois (rires). »
Damien évoque également le plaisir qu’il a éprouvé à régater en équipage. « Nous avons vu que le bateau a du potentiel et je pense que nous avons pris du plaisir à naviguer ensemble. Nous avons réussi à maintenir une bonne ambiance à bord entre nous et c’est très important »,confie-t-il.
Sur Mãlama, la troisième place était difficile à accepter à la fin d’une étape que l’équipage de Charlie Enright savait qu’il aurait pu gagner. La navigatrice suisse Justine Mettraux confie que cette arrivée lui rappelle celle de la Volvo Ocean Race dans le passé, notamment l’édition 2017-18 où les futurs vainqueurs, Dongfeng Race Team (dont elle faisait partie) se sont fait dépasser par trois bateaux dans les derniers milles à Newport, après trois semaines de mer.
« C’est sûr que cela s’est déjà produit », rappelle-t-elle. « et cela fait partie du jeu et de notre sport. Parfois, ça tourne bien pour vous et parfois pour les autres ».
Justine reconnait qu’ils n’ont pas eu de chance avec les conditions de vent sur les derniers miles mais admet aussi que tactiquement l’équipage aurait pu mieux faire. « Quand nous menions le peloton, nous pensions pouvoir aller directement à Cape Town et nous avions suffisamment d’avance pour pouvoir le faire mais finalement cela ne s’est pas passé comme cela. Peut-être aurions-nous dû contrôler un peu plus nos adversaires. «
Tout comme Sam Goodchild, Justine Mettraux apprécie cette école de la performance en IMOCA. « C’est sûr, ce n’est pas souvent que la course au large est aussi au contact, surtout après 17 jours de mer donc c’est vraiment bien « ,explique-t-elle. « Je pense que nous avons tous appris beaucoup plus sur la façon de pousser le bateau et de trouver la vitesse. Lorsque vous avez des bateaux autour de vous, vous devez toujours progresser donc cela a été vraiment intéressant pour nous. »
Nous avons demandé quel était l’état de Mãlama après ce long test sur l’Atlantique. Justine affirme que le bateau, le gréement et les voiles sont en excellente forme avant la troisième étape. « Il n’y a rien de majeur »,ajoute-t-elle. « Beaucoup de petites choses – liées au fait que nous avons tiré sur le bateau assez fort sur cette étape, au portant dans du vent – mais rien de spécial ».
Cette étape étant presque déjà derrière nous, l’attention se porte rapidement sur la prochaine manche dans le Grand Sud et Justine a hâte d’y être. « Les résultats sont hyper serrés. On voit des bateaux rapides dans les moments différents, donc cela va être super intéressant », déclare-t-elle. « Il y a encore beaucoup de choses à jouer. La prochaine est la grande étape de l’océan Austral et elle compte double donc aura un gros impact sur le classement. »
Sam Goodchild sait que les bateaux seront à la limite pendant le marathon de 12 750 milles vers le Brésil. « Tout le monde a de petits problèmes techniques, mais heureusement, nous sommes tous ici en Afrique du Sud »,conclut-il. « J’espère que lors de la prochaine étape, tout le monde ira jusqu’au bout également. Souvent, on veut le meilleur bateau, le plus léger, le plus fort, le plus rapide, et parfois on va un peu trop loin. Mais c’est très rassurant de voir que nous n’avons eu que de petits problèmes et j’ai hâte d’être à la prochaine étape. »